Bretagne mars 2024

Je passe quelques jours à Fouesnant chez l'amie Edith. Je m'arrête au Croisic. Avant j'ai déjeuné avec Cyril et Delphine à Sucé sur Erdre. Je suis désolée d'apprendre qu'elle a un cancer du sein et sera opérée vendredi, donc très soucieux tous les deux.

La mer est calme et très haute, c'est les grandes marées, les pontons sont au ras des quais et les bateaux aussi. Quiberon est sous un ciel noir. Je mets un cierge à la chapelle de Bénodet. Je mange une crêpe, tout est fermé, c'est triste.

La ville close de Concarneau est grise sous la pluie fine, je trouve une crêperie ouverte!

A la chapelle des marins, j'allume des petits cierges et je médite avec mélancolie, ton nom Emmanuel est toujours sur les ardoises au pied de l'hortensia à droite de la porte. Je suis contente d'être encore arrivée jusque là, c'est quand même loin. 

Je rends visite à la maman d'Edith, 101 ans, c'est une vieille dame très lucide et agréable, elle ne prend aucun médicament, "c'est du poison!" dit-elle.

Eckmühl se dresse, fier. La chapelle de Saint Guénolé est figée devant l'océan. Il fait soleil. La plage de la Torche est immense, un lieu magique où je te vois. Je récris ton nom sur le bout de blockhaus. 

"Parler d'eux , c'est les tenir pour un temps encore du côté de la vie" Anne Lemaître

"La mort d'un enfant : quoi de plus tragique? Il n'y a d'ailleurs pas de mot pour l'exprimer: on est veuf, orphelin mais la mère qui perd son enfant , elle est quoi? Elle est sans voix." Isabelle Bourgeois

On a planté un champ de tulipes vers la chapelle de Tonoën, en effet, c'est du sable. La pointe du Raz est magnifique au soleil, la roche, le ciel, le vent, l'eau. Goéland vient se poser vers moi. Je hurle.

"Il ne fallait pas penser au passé, pénétrer dans les cavités, remuer le sol des cavernes sombres et revoir les visages perdus. On ne se remettait jamais des deuils, jamais. Le passé n'était pas une page que l'on tourne, il fallait le porter. Accomplir sa tâche de chaque jour et allumer sa lampe. Résister aux assauts réguliers des vagues de chagrin, de nostalgie, aux ressacs. On devait avoir le coeur bien accroché, pour vivre..."

"Il avait envie de courir dans la forêt et de hurler sa colère, son désespoir, son chagrin, cette blessure que la vie lui avait faite. Est-ce qu'elle ne l'aimait pas, la vie? Est-ce qu'il avait mérité cela? Est-ce qu'il était mauvais?" Sarah Perret

Je reviens voir Port la forêt, Bénodet, Quiberon, Le Croisic et Port Lin avec le rocher de l'ours. ça m'a fait du bien, le moral remonte.